Voici le rendu de notre premier dossier, vu lors d’une rencontre mensuelle “La Journée Culture Japonaise“.
Ces dossiers sont le plus complet possible mais peuvent être modifiés et complétés avec le temps et les questions.
Description :
Prononcé PA-TCHI-N-KO, le terme désigne autant l’appareil en lui-même (un mélange entre un flipper et une machine à sous) que les salles dans lesquelles se trouvent les machines.
Celles-ci sont facilement reconnaissables à la musique assourdissante, des lumières très vives et leurs rangées étroites.
Chaque joueur est plongé comme en hypnose sans parler aux autres, concentré sur la chute des billes. Les salles de jeux sont situées à des endroits stratégiques : près des stations de trains, dans les quartiers animés et les rues commerçantes, …
Il existe aussi des déclinaisons spécifiques de machine pachinko, abordant bien souvent des thèmes de manga/ anime, de drama ou de J-Pop (principalement d’Idols).
À l’heure actuelle, la bille est vendue à moins de 4,32 yen (0.04€) soit environ 23 billes pour 100 yen (0.75€). Mais dans de plus en plus de pachinko, il est possible d’en acheter de 0,5 yen (0.004€) à 2 yen (0,015€) l’unité, ce qui permet de jouer pendant de longues heures à coûts réduits
Règle du jeu :
Les joueurs achètent un grand nombre de petites billes en métal qu’ils insèrent dans la machine : le rythme d’insertion et la vitesse de la bille sont les uniques éléments que ceux-ci peuvent contrôler. Pour se faire, le joueur devra d’actionner une manette sur le côté de la machine.
Si la bille sort trop vite elle sera rapidement perdue et si elle sort trop doucement, elle restera sur place. L’équilibre de la vitesse est donc la clé du jeu.
Les billes métalliques tombent alors sur une surface de jeu verticale plantée de nombreux clous « bukkomi » , à utiliser ou éviter suivant la stratégie) et doivent tomber dans un trou gagnant (« remboursement de billes perdues ») ou, dans des trous plus spécifiques, déclenchant une réaction semblable à une machine à sous. Si trois symboles identiques sont obtenus, le pachinko délivre un grand nombre de billes, que le joueur pourra utiliser pour continuer à jouer ou tout simplement aller au comptoir des prix où il pourra choisir des cadeaux.
Vidéo explicative sur le système de jeu !
Les billes ne peuvent être échangées en monnaie selon la loi japonaise, les jeux d’argent étant totalement prohibés.
Dans la salle de pachinko, il existe un comptoir d’échanges (kokan counter) proposant divers lots tels que des cigarettes, des cravates, des appareils électriques, des produits de beauté, CD/ DVD, de la nourriture, …
Mais, le plus souvent, il s’agit de plaques en métal, appelées des « cadeaux spéciaux » que les joueurs pourront échanger contre de l’argent dans des stands, à proximité de la salle de pachinko.
De telles pratiques pour les jeux d’argent sont théoriquement illégales au Japon, de ce fait, il semblerait que ces échanges soient généralement plutôt bénéfiques aux divers clans yakuza, les plus gros propriétaires de salles de jeux.
Histoire :
Sa version originelle aurait été importée de Chicago, alors capitale de l’industrie du flipper, par un détaillant d’Osaka à la fin de l’ère Taishō, dans les années 20, et progressivement modifiée pour devenir la machine que l’on connait actuellement.
Le pachinko était initialement destiné aux enfants, qui y jouaient dans des espaces de jeux en plein-air du quartier de jeux d’Osaka, quelques années avant la seconde guerre mondiale.
Le succès aidant, des salles de pachinko se sont ouvertes dans tout le Japon.
Le pachinko a connu un boom lors de la bulle financière des années 1980, signant le début de sa propagation dans le Japon.
Malgré la récession des années 90, le pachinko demeure très populaire, avec environ 1 japonais sur 4 y jouant régulièrement. La majorité des joueurs sont des hommes, entre 20 et 50 ans, mais il y a aussi des plus jeunes (attirés par les nouvelles machines) ainsi que petite partie féminine.
Dernièrement, ce sont même les femmes qui sont le plus touchées, aidées par des services de garderie et même de système de réfrigérateur pour placer les courses !
Aujourd’hui, le pachinko, jeu d’argent de référence du peuple, est à un tournant décisif. Le chiffre d’affaires ne fait que diminuer depuis dix ans. Le concept s’essouffle et l’apparition de machines malhonnêtes font que le pachinko perd de son attrait. De plus, les jeunes s’éloignent des jeux d’argent, car ils sont plus attirés par les jeux vidéo et autres moyens de divertissement, qui se développent à foison.
La stratégie des entreprises de pachinko pour garder la clientèle fidèle, qui est de créer des machines qui stimulent toujours plus la passion pour le jeu grâce à des jackpots de plus en plus gros, produit parfois l’effet inverse : même les plus amoureux de pachinko, dégoûtés, finissent par ne plus y mettre les pieds.
L’industrie du pachinko continue tout de même à représenter une énorme place dans l’économie japonaise. Il est important de noter qu’elle est principalement entre les mains de la minorité coréenne établie au Japon, les Zainichi**. Détail ironique, le pachinko est interdit par la loi en Corée du Sud. Pour les casinos, c’est l’inverse : ils sont interdits au Japon, mais légaux en Corée.
Le débat sur la légalisation des casinos au Japon se bute souvent à la question de la cohabitation avec l’industrie du pachinko.
Faits à retenir :
– Nakajima Kenkichi, le patron de la société Heiwa Corporation, gestionnaire de 30 % des salles de pachinko du pays, est désigné « Homme le plus riche du pays » en 1989 par le magazine Nikkei Venture et 11e fortune mondiale par le magazine Fortune en 1991.
– Dernièrement il y aurait environ 15 000 salles avec plus de 2 000 000 millions de pachinko, avec un chiffre d’affaire avoisinant les 30 mille milliards d’euros, plaçant les pachinko au 3ème rang de l’économie des loisirs des japonais, derrière les restaurants et le tourisme, avec plusieurs millions de joueurs.
– En plus du bruit assourdissant, la majorité des salles autorisent les clients à fumer sur place, rendant ce lieu parfois intolérables aux simples curieux, principalement aux touristes non japonais.
– La mode est aujourd’hui au pachinko numérique, surnommé « degi-pachi », de digital-pachinko. La plupart sont conçus pour attiser la passion du jeu en augmentant la somme des jackpots. En conséquence, nombreux sont les joueurs qui, ne pouvant plus s’arrêter, dépensent en une fois vingt, trente, voire cent mille yens, et au final ressortent du salon de pachinko les mains vides. Dans certains cas graves, des joueurs finissent par développer une addiction aux jeux d’argent.
– De nombreuses familles se sont retrouvées endettées de façon exceptionnelle à cause des pachinko.
** Les Zainichi sont les descendants de Coréens venus au Japon durant l’occupation de la Corée par le Japon, plus particulièrement durant la Seconde Guerre mondiale. Les Coréens arrivés au Japon après 1945 ne sont généralement pas considérés comme des Zainichi.
En théorie, ce terme peut être appliqué à n’importe quelle personne qui réside au Japon sans avoir la citoyenneté japonaise.
En pratique, il est utilisé pour désigner les Coréens arrivés avant 1945 et leurs descendants, qui forment le groupe minoritaire le plus important en termes démographiques dans la société japonaise