Dans les années 80 et 90, la télévision a été envahie par les dessins animés, principalement après que le marketing ai réalisé la puissance commerciale qu’avaient nos chers petites têtes blondes (nous à l’époque donc!). Des matinées entières de dessins animés, puis des journées, entrecoupées de pub et de sitcoms* et de pubs et des chansons, … Le Club Dorothée étant passé à la postérité grâce à ça, mais pas toujours pour de bonnes raisons.
Des anime** avec d’extrêmement mauvaises traductions, une ignorance totale du public destiné, un amalgame flagrant entre violence et Japon, …
Pour finir, des politiciens qui s’en mêlent. Et le mal est fait.
Malgré un petit succès durant les années 60/70 grâce à la 5ème chaîne, malgré les bons choix d’achats de licences d’AB Production, les anime sont mal vu. Dès que ça ne plaît pas ils deviennent des “horreurs japonaises”, dès qu’ils sont mignons se sont des “doux souvenirs d’enfance”.
Il aura fallu les années 2000 avec l’invasion Pokemon, One Piece, Yu-Gi-Oh!, Naruto puis Bleach pour qu’enfin les anime, puis les manga, se taillent une part de lion dans le cœur des français.
Mais qu’en est-il vraiment des anime de cette époque qui, quoi que l’on en dise, conservent étiquettes et préjugés quant au Japon et à ses œuvres.
Histoires originales françaises avec animation japonaise, histoires japonaises et production française, et même japonais-européen ou tout simplement mondiales ! Les séries animées des années 80 recèlent de secrets et de collaborations diverses et variées, parfois même très surprenantes !
Les grands acteurs de la télévision
Au milieu des années 70, c’est à Jean Chalopin que nous devons le rapprochement avec le Japon ainsi que la création et la production en masse de très nombreuses séries d’animations pour enfants, dont bien peu sont finalement passées aux oubliettes. A travers sa maison de production (DIC), d’abord créée pour des spots publicitaires, c’est progressivement une gigantesque entreprise (avec partenaires à travers l’Asie et ses propres studios) qui va naître de l’engouement pour ses « petites » séries originales.
Le deuxième nom à ne pas manquer, c’est celui de TMS Entertainment (Tokyo Movie Shinsha), entreprise qui a été la pionnière de l’animation au Japon, notamment en produisant la toute première série d’animation « Astro le Petit Robot », adaptée du manga du même nom d’Osamu Tezuka, en 1963. Ils sont les producteurs de séries 100% japonais.
Cette entreprise a ainsi ouvert la voie au plus grand, notamment pour le studio Tôei Animation, immanquable de nos jours.
Le troisième nom à retenir, c’est celui du studio Pierrot, qui a été créée au mois de mai 1979. Aujourd’hui, il fait référence en matière d’animation.
Enfin, n’oublions pas Bruno Bianchi, réalisateur et producteur français, crédité pour plus d’une vingtaine de séries, bien souvent en compagnie de Jean Chalopin.
Voici donc une liste de chefs d’œuvres ayant marqué parfois plusieurs générations :
– Les mystérieuses citées d’or (太陽の子エステバン = l’enfant du soleil) sorti en 1982 et issu d’une collaboration franco-japonaise. Cette série est inspirée du roman de l’américain Scott O’Dell « La route de l’or ». Elle a été créée par Jean Chalopin et produite par le studio Pierrot.
Il existe une saison de 39 épisodes mais en 2012 est sorti une « suite », reprenant à la fin de cette série. Cette dernière est franco-belge et a sorti sa 3ème saison en 2016.
– Ulysse 31 (宇宙伝説ユリシーズ31 = La légende spatial Ulysse 31), date de 1981, encore une collaboration franco-japonaise. C’est une version space-opéra de la légende d’Ulysse d’après « L’Odyssée » d’Homère et comporte 26 épisodes pour une saison. C’est à nouveau Jean Chalopin qui est aux commandes, avec son studio DIC, et partenaire de TMS Entertainment.
– Inspecteur Gadget (Inspector Gadget), de 1983, est une série américano-franco-nippo-canadienne. Le concept est de l’américain Andy Heyward, dessins de Bruno Bianchi, production de Jean Chalopin et l’animation faite par des studios japonais. Cette série a eu un succès mondial donnant naissance à moult produits dérivés, suites, films, …
Il en va de même pour Jayce et les Conquérants de la Lumière (Jayce and The Wheeled Warriors), dont la série a même été commandée par l’entreprise de jouets Mattel afin de vendre leurs produits. Petit pouce en l’air pour la voix off qui n’est autre que celle de Jean Chalopin !
– Les Minipouss (The Littles) de 1983/1985 est une série dont tout le monde connait le générique, même sans avoir regardé ! Américano-franco-japonaise, cette série est basée sur un scénario américain, produit par DIC (Jean Chalopin) et ABC (USA) et animé par les studios de TMS.
– Denis la Malice (Dennis the Menace), une série franco-américano-japonaise de 1985, avec un petit garçon blond adorablement détestable, crée par Jean Chalopin mais basé sur le comics strip de l’américain Hank Ketcham et toujours animé par les japonais.
– Sherlock Holmes (名探偵ホームズ = Le grand détective Holmes) est une série italiano-japonaise de 1984, animé par TMS avec notamment la participation d’Hayao Miyazaki au début (6 premiers épisodes), avant de passer à Kyôsuke Mikuriya, qui collaborent avec les italiens de RAI.
– Les 3 mousquetaires (ワンワン三銃士 = les 3 mousquetaires ouaf ouaf), la célèbre série des mousquetaires anthropomorphes, est, contrairement à ce que l’on pourrait penser, une série hispano-japonaise. Crée par Claudio Biern Boyd et animé par la Nippon Animation en 1981.
– Alice au pays des merveilles (ふしぎの国のアリス) de 1983, est un dessin animé nippon-allemand, créée par le japonais Taku Sugiyama et produite par la maison de production allemande EM Entertainment.
– Vic le Vicking (小さなバイキング), est probablement une des collaborations les plus anciennes. La série date de 1975 et elle est le fruit d’un partenariat autrichien-allemand-japonais, principalement crée par Nippon Animation sur les histoires du suédois Runer Jonson.
– Il était une fois (…) [la vie, l’homme,…], débuté en 1987 pour le 1er du nom, est une collaboration mondiale, bien que presque totalement français. Canada, Espagne, Suisse, Japon, Pays-Bas et Belgique sont en effet crédités dans le générique !
– Les Entrechats (Heathcliff & the Catillac Cats) est, cette fois, une série américano-française de 1984 à 1987. La création est de Jean Chalopin et Bruno et Bruno Bianchi avec la production de DIC, entre autre.
Pour la série MASK (Mobile Armored Strike Kommand), on reprend la même configuration et on enchaîne ! Toutefois cette série a été commandée par la marque Kenner pour promouvoir ses jouets.
Les faux-amis :
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, certains dessins animés pourtant ne sont ni d’origine japonaise ni même française !
– Princesse Zelda est une série américano-canadienne, bien qu’elle soit aussi produite par Nintendo (Japon) et DIC (France).
– Super Mario Bross est une série canadienne produite par DIC. Quant à Super Mario Bross 3 et Super Mario World ce sont des séries américaines, produites par Nintendo of America et DIC
– Les aventures de Sonic est elle-aussi une série américaine, mais dont la production est mondiale.
– Cosmocats (ThunderCats) est 100% américain, idem pour Denver, le dernier dinosaure (Denver, the Last Dinosaur)
Les 100% Japonais :
Puis, il y a les séries que l’on pensait franco-japonaises, voir que françaises (clin d’œil a certains politiciens) mais qui sont uniquement faites par des japonais. Certains titres ont toutefois portés à confusion, notamment parce qu’ils sont issus de romans européens ou américains…
- Princesse Sarah
- Rémy sans famille
- Maya l’abeille
- Conan le Fils du Futur
- Tom Sawyer
- Dans les Alpes avec Annette
- Calimero
Sans parler des plus connus bien sûr, qui ont marqué des générations : Dragon Ball, Ken le Survivant, City Hunter, Cat’s eyes, Sailormoon, Albator, Candy …
*Sitcom : Une sitcom (ou comédie de situation) est une série télévisée à dominante humoristique, caractérisée au départ par une unité de lieu (décor récurrent) permettant des moyens de tournage limités et des coûts de production réduits (nombre très restreint de décors, peu ou pas d’extérieurs), avec des épisodes durant généralement moins d’une demi-heure. Le mot est une contraction de l’anglais situation comedy (« comédie de situation ») (CF: Wikipedia).
** Anime : (prononcé “animé”), j’utilise ici le mot japonais (donc pas de “s” car le pluriel n’existe pas en japonais, afin de bien marquer la différence entre les séries d’animation japonaises et les “dessins animés”. Un “anime” correspond d’ailleurs principalement à la version vidéo d’un manga ou d’un visual/light novel. Les japonais parlent aussi de “films d’animations” pour des long métrages et de “drama” pour des séries avec de vrais acteurs.